Aujourd’hui, je répondais à une série de messages sur Facebook, concernant une discussion ayant pour objet que les éleveurs devaient partager leurs connaissances de l’élevage.

Ci-dessous, copie de ma réponse, et bien évidemment, ce texte n’engage que moi, et moi seule

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Bonjour, si je puis me permettre, c’est assez rarement que l’on apprenne directement avec l’aide d’un éleveur.

Les éleveurs donnent parfois quelques conseils, mais ne donnent pas de cours, que ce soit en ligne ou en privé. Il y a sans doute de nombreuses raisons, certaines que j’imagine, d’autres que j’ignore.

J’ai pourtant eu cette chance, il y a bien des années, avec William V. qui m’a guidée par téléphone, à 23 heures, un soir, lors de l’éclosion difficile de mon premier oisillon, en couveuse, un petit éclectus, qui s’est révélé être une magnifique femelle.

Alors comment apprend-on à être un bon éleveur ?

Je ne sais pas comment les autres font, alors je vais tout simplement dire comment j’ai fait, comment je fais : j’ai commencé par lire, acheter des livres, en français, en anglais (car il y a beaucoup plus d’excellents livres sur les oiseaux en langue anglaise).

Puisque je n’étais une spécialiste de la langue anglaise, j’ai travaillé l’anglais, pris quelques cours, en ligne et en direct avec des profs; puis j’ai participé à des stages ( je me souviens d’un stage sur l’incubation, il y a des années, alors que je ne pensais pas devenir  » éleveur » et faire de l’élevage à la main, de gérer les incubateurs, les couveuses, etc).

Puis j’ai passé des heures ( surtout la nuit, car comme tout le monde, j’avais un emploi le jour), et j’ai fait des milliers de recherches, par mots clés, en anglais et en français ( Merci Internet et les moteurs de recherches). J’ai pris des notes, j’ai fait des fiches, j’ai vérifié les informations découvertes, j’ai comparé, recoupé, vérifier les sources.

Je me suis abonnée à des revues spécialisées, où j’ai pu lire des témoignages d’éleveurs, et j’ai beaucoup appris.

J’ai acheté, et lu encore et encore des livres, de plus en plus techniques; j’ai assisté à des congrès, j’ai fait des centaines de kilomètres, en voiture, en avion parfois. Je suis allée en Espagne, en Allemagne, en Israël, au Canada, en Suisse, en Hollande, en Belgique, et en France bien évidemment.

Et puis … J’ai travaillé avec mes oiseaux, j’ai fait des erreurs, j’ai eu des poussins qui sont morts, des œufs qui n’ont pas éclos…

J’ai appris, sur le tas…

J’ai aussi eu de grandes joies, de belles réussites, et parfois des réussites totalement inattendues.

J’ai toujours essayé de comprendre le  » pourquoi » de mes erreurs, mais aussi le  » pourquoi » de mes réussites : ce furent, et ce sont certainement mes meilleurs professeurs.

J’ai aussi la chance d’avoir eu deux excellents vétérinaires qui ont toujours répondu à mes questions, qui m’ont expliqué, qui m’ont permis d’assister à toutes les interventions sur mes oiseaux : autopsies, radiologie, analyses diverses ( je suis toujours avec eux devant leur microscope, et je me fais expliquer, et quand je ne comprends pas, je le dis ); interventions chirurgicales ( patte cassée, pose d’une broche, d’un plâtre ; mal de ponte; œuf bloqué dans le ventre d’une femelle). Jamais je ne suis sortie d’un cabinet vétérinaire sans avoir compris ce qu’il se passait pour mon oiseau, et si par malheur l’oiseau mourait,  je voulais toujours  savoir  le pourquoi, le comment, et surtout savoir comment faire avec les autres pour que cela n’arrive plus.

Je continue à apprendre, chaque jour, j’ai quelques bouquins qui sont mes livres de chevet, que je lis et relis… bien souvent. Parfois je n’ai pas remarqué un paragraphe, une ligne… et un problème se pose chez l’un de mes oiseaux, je relis mon bouquin… et enfin je comprends !!!

C’est cela aussi l’expérience.

On n’a rien sans rien ! On se doit de travailler, seul, et parfois d’avoir la chance de rencontrer un éleveur qui accepterait de partager une partie de  son savoir, et aussi avec qui l’on partagera notre propre savoir, nos connaissances et… partager, reconnaître aussi ce que l’on ne connait pas.

Il y a 18 ans, je n’imaginais pas devenir éleveur, je voulais étudier le comportement du perroquet, et je me souviens combien de fois « on » s’est … pardonnez-moi l’expression  » foutu de ma gueule » ….

Je me souviens des sourires narquois des  » Éleveurs » de ceux  » qui savaient ». Moi, je ne savais pas… Pas encore.

Donc, j’ai appris, et par bonheur, j’apprends toujours, encore et encore, et je suis heureuse d’apprendre encore, et je remercie toutes les personnes que j’ai rencontrées, avec qui j’ai partagé, mais je ne dois pas oublier tous mes oiseaux, jeunes ou vieux, en bonne santé ou malade, ceux qui sont morts aussi, et les petits, les poussins qui sortent de leur coquille, et qui, pendant quelques temps, quelques temps seulement, mettent, en confiance, leur vie entre mes mains : eux aussi je les remercie, car en plus de la joie et du bonheur qu’ils m’apportent, ils continuent à m’enseigner ce que c’est que d’élever, d’aimer et de respecter un être vivant, un petit oiseaux de quelques grammes, qui va bientôt devenir un grand et merveilleux perroquet !

Après tout cela, après toutes ces années, une phrase d’une chanson de Jean Gabin prend tout son sens :

« Oui, aujourd’hui, je sais… Je sais que je ne sais pas ».