Par Valentine Delattre le 16.06.2016 à 14h30, mis à jour le 16.06.2016 à 14h30
Une étude montre que les oiseaux ont un cerveau très dense en neurones, plus encore que celui des mammifères, primates compris.
La mésange charbonnière (Parus major) est riche : riche de neurones dans son minuscule cerveau ! © LVIATOUR/WIKIMEDIA COMMONS.
« Un perroquet a autant de neurones qu’un macaque… dans un cerveau beaucoup plus petit ! » Et Coco ne fait pas exception à la règle : des chercheurs de l’Université Charles (à Prague, République Tchèque) viennent de montrer qu’à masse égale de cerveau, « les oiseaux possèdent davantage de neurones que les mammifères, y compris les primates« . Leur étude a été publiée le 13 juin 2016 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Ils ont compté les neurones dans le cerveau de 28 espèces d’oiseaux, du minuscule diamant mandarin (Taeniopygia guttata) à l’émeu d’Australie (Dromaius novaehollandiae) en passant par le coq sauvage (Gallus gallus), le perroquet jaco (Psittacus erithacus), la mésange charbonnière (Parus major) ou le pigeon des villes (Columba livia). Après avoir séparé les différents lobes cérébraux, les chercheurs les ont ensuite dissous dans une solution détergente afin d’obtenir une « soupe de cerveau« , comme l’appelle Suzana Herculano-Houzel, neurobiologiste à l’Université Vanderbilt (États-Unis) et co-auteur de l’étude. Les chercheurs n’avaient plus qu’à compter les cellules neuronales en suspension. Verdict : les minuscules boîtes crâniennes des volatiles contiennent entre 136 millions et 3,14 milliards de neurones. Deux fois plus que les primates et quatre fois plus que les rongeurs dotés d’un cerveau de masse comparable !
Un cerveau « poids plume » pour faciliter le vol
Les scientifiques ont remarqué au passage que le cerveau des oiseaux est plus compact que celui des mammifères : « Ses cellules nerveuses sont plus petites et reliées par des connexions plus courtes« , décrivent les chercheurs dans l’étude. Leur hypothèse : le cerveau se serait « concentré »par souci de légèreté, pour faciliter le vol. De plus, sa forte densité en neurones – en particulier dans la région frontale du cerveau – servirait à développer les capacités cognitives des oiseaux, comme apprendre un langage, manipuler des nombres, des formes ou des concepts abstraits, utiliser des outils, anticiper des événements futurs ou faire preuve d’empathie. Des tâches dans lesquelles les perroquets, les pigeons et les corbeaux excellent ! « Par exemple, les oiseaux sont capables d’estimer ce que les autres pensent, on appelle cela la théorie de l’esprit« , explique Suzana Herculano-Houzel. La chercheuse milite dorénavant pour que l’injure « cervelle de moineau »… devienne un compliment